lundi 25 juin 2007

Partie 2 - Chapitre 4 - Une famille modèle

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Mais la fille de Dieu, elle en avait marre. Oui je n'appréciais pas ses méthodes. Allons bon, je m’étais trompée, il ne viendrait pas me sauver de cet enferlinat. Je comptais les jours et ils me semblaient plus longs que l'éternité. Pourtant j'y croyais. Depuis ma rencontre avec Dieu j'étais si bouleversée, confiante en ce quelque chose d’unique et merveilleux qui s'était produit. Je me sentais à jamais changée et lui, ben il ne venait pas! Alors si mon apparence ne laissait rien transparaître de mon état je fulminais en mon for intérieur. Que faisait-il? Était-ce si dur de me sortir de ce trou à rat? Avait-il adopté un autre enfant? Non... pas possible c'est à moi que l'on promettais le bon dieu sans concession. En l’absence de véritable réponse je m’armai de patience dans l’attente d’un éventuel bon de sortie. Et puis il y eut le septième jour... Profitant de son jour de repos il vint. Mais cette fois ci il n'était plus seul. Une femme. Oui à son bras s’accrochait une femme qu'il me présenta comme son épouse. Dieu était marié et déjà, elle, cette ventouse féminine, m'énervait. Je ne comprenais pas le pourquoi de sa présence. S'il est vrai que l’orphelinat ne distribue les enfants qu’aux couples, j'espérais que Dieu dans toute sa grandeur eut usé de sa notoriété pour faire entorse à la règle et ainsi passer outre la procédure du refus systématique aux célibataires désireux d'adopter. Mais non Dieu était plus malin que cela. Et pour lui, pas question d'abuser de sa position et surtout pas un septième jour. Il avait donc, je le devinais, loué les services d'une escort-girl – c'est le métier que faisait ma maman m'avait dit un jour la maîtresse de l'orphelinat - pour jouer le rôle de sa femme. Alors qu'il vienne me chercher avec une femme-sangsue à son bras, pour tromper son monde, pouvait sembler compréhensible. Mais les bisous et les caresses... baaahhh! Quel dégueulasse... Une once de déception pointait en moi. Je l'écoutai et elle me confia qu'elle eut préféré voir débarquer Dieu en grandes pompes. Et sans le chichi de cette mise en scène du bonheur parfait il aurait annoncé tout de go à la directrice de l'orphelinat:


  • bon écoutez Madame, j’ai eu une grosse semaine, et croyez moi ou non j’en ai plein l’auréole. Alors on va faire vite... Je suis Dieu, Allah, ou qui que ce soit... Enfin appellez-moi et louez-moi comme bon vous semble mais sachez que je suis ici pour prendre sous mon aile la petite Carol-Anne. Alors préparez moi son sac, dites moi où dois-je signer et finissons-en.


Au lieu de cela, Dieu prenait un plaisir évident à composer un personnage d’homme stérile.


  • elle se nomme Phamela et elle sera ta nouvelle maman. Tu vois sa grippe ne lui a pas été fatale. Tu veux lui faire une bise pour lui montrer comme tu es contente de venir vivre chez nous.


J’exécutai froidement l’ordre divin certaine que ce petit jeu prendrait fin dès que nous serions hors de l'établissement. Elle retournerait à son bureau afin d'y préparer ses prochains escortages. Mais si cela n'arrivait pas, si finalement elle restait avec nous incapable de détacher son bras de celui de mon père, que se passerait-il? Et si cette chose se mettait à nous suivre et à s'immiscer dans notre vie de famille divine. Comment savoir si cette traînée n'allait pas chercher à me voler mon nouveau papa et à profiter de lui et de son grand coeur... La colère s’empara de mon esprit sans que je puisse l'en empêcher. Hors de question de partager mon nouveau père avec cette créature. Mais où avait-il été chercher l'idée que j’avais besoin d’un mère qui plus est avec un prénom aussi stupide. Bonjour je suis Phamela mais si tu veux tu peux m'appeler Pham! m'avait-elle dit. Oh t'inquiète pas, avais-je pensé, j'vais pas hésiter à t'appeler Pham, stupide femme même. Je n'avais qu'une envie celle de voir la grippe qui l'avait bloqué au lit la semaine précédente l'assaillir à nouveau. Que cette mégère retourne dans son lit de malade et qu'elle nous laisse moi et mon père vivre notre bonheur à deux. Et si l'idée d'en sortir lui traverse l'esprit alors il faudra agir par la force papa, il faudra lui refiler les clous rouillées de ton fils... oui tu peux aussi dire 'de mon frère' c'est vrai mais ne me coupe pas s'il te plaît papa, je disais donc que tu pourras lui refiler les clous qui sont à l'origine de la célébrité de ton... enfin de mon frère. Et promets moi que son châtiment sera exemplaire si elle se relève et interfère dans notre vie. Il faudra la punir d'avoir existé.



Au moment du départ c'est tout le personnel de l'établissement qui m'exprima sa consternante gratitude au travers des mensongers « tu vas nous manquer » et « on te regrettera ». Puis dans l'auto de Papa nous étions - et cela me faisait tout bizarre - une famille comme ne cessait de le répéter Phamela. Cette comédie durait et me lassait. Quand papa allait-il lourder la plaie blondasse qu'était Phamela? À l’évidence cela ne le préoccupait guère car il ne me semblait pas enclin à jouer de sa baguette magique pour clarifier la situation. Dieu n'aimait pas brusquer les gens, ce n'était définitivement pas son truc. Son truc à lui je commençais à le deviner. C'était quelque chose comme d'amener les gens dans une impasse, en leur laissant croire qu'ils y allaient tout seul et de leur plein gré, pour les y obliger au demi tour c'est à dire au changement d'attitude. Tout en finesse c'était ça le maître mot. Alors parce que j'aimais mon nouveau papa je décidai d'adopter sa stratégie et de jouer la comédie auprès d'elle. C'était drôle même si cela n'avait pas de sens. Alors que nous nous dirigions vers leur – notre – modeste demeure je pris ma première grande décision d'ex-orpheline. Aduler mon père et ignorer sa femme. L'ignorer jusqu'à la vexer. Ce n'était pas mon genre d'être une enfant désagréable. Je n'étais pas non plus vulgaire. Mais pour ce qui était d'être une petite fille froide et distante je savais y faire. Et parce que mes clins d'oeil – dont la signification codée était "Quand est-ce qu'on s'en débarrasse?" – ne semblaient pas rencontrés l'écho espéré chez Dieu je décidai de me passer de ses services et de me charger moi même de régler son compte à Phamela. Je n'en voulais pas à Dieu. Je savais mes désirs terre à terre et ses soucis aériens. Je ne pouvait donc que l'effleurer.



Tiens je me souviens de cette scène du retour. Nous sommes dans la voiture. Elle, elle parle. De quoi? Je ne sais pas et ne veux pas le savoir. De tout probablement. Ou de rien très certainement. Je dois reconnaître qu’elle affiche une évidente volonté à être gaie et sympathique. Mais je n'écoute pas son propos. Dehors il fait gris. Je regarde par la vitre latérale. J'y vois un paysage de campagne défilé. Dans les champs il y a des vaches mais c'est à l'avant, sur le siège passager, que l'on meugle. C'est marrant je comprends alors pourquoi l'on désigne certaines personnes comme des moulins à paroles. Car Phamela en est un. Elle ne se contente pas de rabâcher ses mots non elle les usent, les broient à la manière du moulin qui fait de même avec le grain des céréales. Jusqu'à en détruire le mot, le vider de son sens, jusqu'à lui fracturer les lettres. Et comme elle n'a de cesse de me nommer, Carol-Anne par-ci Carol-Anne par là, j'ai soudain peur de me retrouver à nouveau demain chez le Doc. et de lui dire Ben voilà je suis Carol-Anne et je viens pour une fracture du C. Heureusement papa veille – au grain – et parfois prend la parole. Trop rarement mais c'est le propre du sage... Dans ces moments je lui accorde une attention totale. Je suis comme envoûtée par ses propos, mon regard fixe sa bouche et le mouvement harmonieux de ses lèvres. S'il s'autorise un zeste d'humour j'éclate de rire avec l'envie de me rouler par terre. Si elle renchérit je recouvre alors mon calme et perd mon sourire. Et à nouveau je regarde les vaches qui défilent. J'ai envie de la vexer, lui faire comprendre que son incapacité à obtenir une grossesse n'est pas liée à ses trompes de Fallope bouchées – c'est le Doc. qui me l'a dit – mais à son absence d'instinct maternel son inaptitude à l'amour. J'ai envie de lui susurrer à l'oreille "Phamela il n'est pas un enfant sur Terre qui te voudrait pour mère." Mais elle ne me laisse pas en placer une alors je garde cette vérité pour moi et pour plus tard. Pour l'instant mon ignorance à son égard ne semble pas la perturber mais j'ai confiance cela viendra. Elle prend cela avec beaucoup de détachement. Elle sait que conquérir une enfant de mon âge n'est pas chose aisée. Alors elle ne se presse pas, persuadée qu'avec le temps les choses s'amélioreront car c'est bien connu le temps apaise les conflits et adoucit les rapports. Je la trouve mignonne à observer, elle et toutes ses certitudes. Et c'est précisément là que se situe mon travail au sein de ma nouvelle famille: éroder ses convictions, détruire ce qui fait son identité, pour lui ancrer cette nouvelle idée, qu'un jour elle tiendra pour vérité, qu'elle n'est pas une mère peut-être même pas une femme. Oui je suis une jolie enfant comme disent les adultes, oui je ne suis pas méchante pour un sou, oui je suis bien éduquée, c'est vrai ça, mais maintenant que l'on m'a donné le bon dieu je vais me faire un malin plaisir à bousiller sa compagne. Il n'y aura pas de concession et elle ne sera jamais ma maman. Et cela se fera de gré ou de force.



Il y avait une allée, on s'y est garé. Lorsqu'on la remonta elle nous conduisit devant une maison quelconque que l'on me présenta comme étant mienne. C'est ici que tu vas vivre annonça Dieu. C'est chez toi précisa Phamela. Elle devait me considérer mentalement déficiente comme incapable de saisir les paroles du divin. En attendant j'avais bien remarqué que la maison du divin elle n'avait rien de majestueux. Bâtisse anodine au charme absent elle était sans prétention. On était loin des constructions actuelles aux larges baies vitrées et aux formes indéfinies. Ici la maison était carré et les ouvertures étaient si petites qu'un touriste mal renseigné aurait pu imaginer un blockhaus hérité de la deuxième grande guerre. Peut-être l'architecte avait-il souhaité rendre hommage à cette période de l'histoire en concevant une casemate à ciel ouvert d'une austérité repoussante. Cette maison était isolée loin des lotissements modernes. Ainsi sans aucun voisin alentour j'étais seule. Enfin ce qui m'importait était la chambre au premier parce qu'elle m'était destinée. Et ça je dois avouer que cela me plaisait beaucoup. Fini l'orphelinat et ses chambres collectives impersonnelles. Bien qu'extrêmement réduit cet espace était le mien. Cette chambre c’était comme un journal intime avec des murs. Un véritable jardin secret. Après avoir découvert cette chambre je redescendis au rez-de-chaussée où attendaient mes bienveillants parents adoptifs. Je remerciai Papa pour la jolie chambre en lui octroyant une bise sur sa joue barbue. Phamela... je la regardai à peine... Juste le temps de percevoir qu'enfin je l'avais blessé. Et elle savait que je savais. À présent elle serait obligée de calculer, de réfléchir avant de me parler. La peur de ne pas me plaire, moi sa fille qu’elle avait choisie, se lisait dans les plis de son front. Alors à chaque phrase elle serait sur un ring. Mais elle n'était pas prête pour ce combat et je n'avais pas l'intention de la laisser marquer le moindre point.



Notre premier dîner ce soir là fut aussi notre dernier. Parfois quand la vie a décidé de s’acharner sur votre petite personne… et ben elle n’en rate pas une. Tout y était assez cérémonial. Papa-Dieu-Le Père en bout de table, moi à sa droite et Phamela à sa gauche. Devant notre assiette nous éprouvions les pires difficultés à trouver des sujets de conversation. J'abandonnai vite la comparaison des diamètres de mes petits pois pour accorder une attention sincère au récit de leur vie. Je me sentais si différente d'eux. Papa, tradition oblige, était charpentier, un noble métier répétait-il. Phamela, quant à elle, s’occupait des tâches ménagères et aussi de son époux. Papa m’expliquait que sa femme lui était précieuse, elle était son soutien moral face à l’âpreté de son travail. Il ajouta que sans elle il ne serait rien. Et quand il parla d'amour unique je crus qu'il voulait me faire pleurer. J'étais six pieds sous terre et je continuais de m'enfoncer. Comment cet homme qui n'était pas le commun des mortels tout de même, c'était Dieu, pouvait s'abaisser à cela? Mettre sa réussite et toute sa vie entre les mains d'une chose aussi insignifiante que cette femme là, cette Phamela. La bible n’était qu’un conte, enfin je saisissais cette vérité. Dieu n’était pas un homme non c'était un faible. Tout au plus un Dieu de pacotille. Ce repas me fatiguait, les petits pois attendraient. Alors je baillai histoire de digérer ces révélations. Pas plus de deux heures que j’étais adoptée et déjà le malaise surgissait. Et puis cette conversation à trois s’orienta vers une explication de couple. Concentrée je tentais de ne pas la suivre. Papa était un homme fasciné par son emploi. Bien maîtrisée, la technique nécessaire au métier de charpentier, confinait à l’art. Sa voix était chargée d'émotion. Mine de rien c’était assez beau. Je prenais cela comme un enseignement. Cependant tout cela restait mesuré, il était bien loin le Dieu adulé de tous. Ce soir là nous ne traînâmes pas à table. Demain était un lundi. Papa devait aller au boulot et Phamela « appelle moi maman, ma chérie » envisageait de laver toute ma garde robe afin d’éliminer toutes ces impuretés dont les établissements publics regorgent. Qu'espérait-elle? Découvrir du blanc immaculé sous mes vêtements noirs? Pas possible. Noirs ils étaient, noirs ils resteraient. Moi je me foutais de son obsession de la propreté. Phamela était idiote avec sa façon d’assumer pleinement son rôle de ménagère. Et j'imaginais déjà nos journées débordantes de complicité:



  • Phame, j’ai versé de la soupe sur mes jupons, magne

  • j’arrive, j’arrive, ne t’inquiète pas.

  • Phame, de la sauce colore mes lèvres, veux tu ?

  • ne bouge pas, mon enfant, maman est là

  • Phame, il est 15h15 j’ai faim, porte moi des radis frais

  • il est bien tôt mon enfant, mais puisque tu y tiens, tiens voilà..

  • Phame, ramène les j’ai changé d’avis. et puis non, il s’agissait juste de me jouer de toi. Pauvre de toi.



Si je ne voulais pas la respecter ce n'était pas par méchanceté. Enfin... pas que par méchanceté... Par dessus tout je ne voulais pas qu'elle devienne un modèle à mes yeux. Je ne voulais surtout pas m'identifier à cette femme et devenir un jour à mon tour le larbin d'un homme mi-artisan mi-gourou. Je pris donc la décision suivante : tant que Dieu ne retrouverait pas son autonomie, j’abuserai d’elle, de sa loyauté et de ses bon services. Le dîner se conclut sans encombre majeur. Je gagnai alors ma chambre pour y trouver refuge. Les rideaux élimés et jaunis dissimulaient une petite lucarne derrière laquelle un arbre prestigieux s’érigeait. Ses branches immenses se tenaient à quelques centimètres de la vitre. J'eus l'impression que cet arbre était vivant et que ses branches allaient d'un instant à l'autre se mouvoir et pénétrer ma chambre. Je ressentis alors une inexplicable impression de déjà-vu. J'effaçai de mon esprit cette idée et me concentrai sur la chambre. Personne ne semblait y avoir dormi depuis des années et une odeur désagréable de renfermé y régnait. Je conclus que ce serait plus simple pour me l'approprier. Je me voyais déjà devenir comme toutes ces petites filles. Accrocher des posters aux murs, collectionner des peluches et jouer à la poupée au pied de mon lit. Je m'imaginais donner des prénoms à mes poupées et leur inventer des vies riches en rebondissements. Oui... tout cela aurait pu se produire... C'est en pensant à ces poupées imaginaires que je tentai de m'endormir. Mais j'éprouvai les pires difficultés à trouver le sommeil. Des bruits persistants en provenance du plancher faisaient travailler mon imagination. L’on aurait dit que quelque chose se déplaçait en courant sous ce plancher. Bien sur, je savais que ces bruits étaient le propre des vieilles maisons. Les planchers craquent, tout le monde le sait. Pourtant seule dans cette pièce sans vie, avec pour unique compagnon l’obscurité, je laissai la peur m'envahir. La nuit dura dix heures, soixante douze mille longues demie-secondes que je comptai une à une. Ainsi concentrée sur le compte à rebours je n’entendis pas au petit jour mon Dieu partir œuvrer. C’est donc elle qui vint me sortir du lit. Dieu ne m’avait point donné de consigne et je conclus donc que je n’avais pas à obéir à Phamela.



  • écoute ma chérie, pendant que maman fait ton lit, tu vas te laver, t’habiller puis nous irons prendre le petit déjeuner que je t’ai concocté.

  • Non madame. J’ai faim et je descends.

  • Attends Carol-Anne. Écoute mon enfant, nous sommes une famille maintenant. Il y a des règles à respecter et tu dois m’obéir à moi et à ton père car saches que tout ce que nous ferons pour toi, nous le ferons pour ton bien.

  • Mais enfin, crois-tu que je n’ai pas découvert votre petit manège. Je sais que tu n’es rien ici, je n’ai pas à t’écouter et je m’en remet au tout puissant.



Elle me toisa du regard. Un mur venait de se dresser entre nous deux. Bravant sa prétendue autorité je gagnai la cuisine et grignotai le petit déj’ qu’elle avait si bien préparé. C'était bon le chocolat était bouillant et les tartines beurrées. Une fois repue et vêtue je décidai qu’il me fallait retrouver papa.


  • Phamela, et si nous allions nous promener, je voudrais découvrir les environs. On pourrait aussi passer voir où travail papa. Ce serait bien, qu’en dis tu?

  • C’est vrai que tu as été méchante avec moi tout à l’heure mais je suis prête à te pardonner pour cette fois ci. Et puisque tu y mets de la bonne volonté, c’est d’accord allons nous promener.



La région n'était pas des plus jolies et sur le chemin qui nous menait vers le chantier de papa rien ne capta mon attention. L'atmosphère était pesante et les nuages chargés. On le sentait, d'un instant à l'autre, le ciel allait nous tomber sur la tête. J’étais impatiente de retrouver mon papa ne comprenant pas la raison pour laquelle il m’avait abandonné à cette femme. Moi, l’enfant fragile. Et au bout d'une heure de marche effectuée à un rythme soutenu nous arrivâmes près du chantier. La maison en construction prenait forme et pour papa ce devait être un grand jour. En effet la charpente venait d'être posée ce que j'imaginais être l'aboutissement de son travail. Malgré le ciel menaçant toutes les conditions semblaient réunies pour faire de cette journée une belle journée. Il y avait le papa effectuant son travail avec passion et il y avait sa femme et sa fille qui l'admiraient amoureusement. Papa était perché sur le toit en plein effort. Il ne remarqua pas notre présence tant son travail accapariat toute son énergie et son attention. C'était un si bel homme.


  • Papa, je suis là, criais-je avec affection.


Et avant qu’il ne tombe, je pus lire sa joie intérieure, lorsque en relevant sa tête, nos regards se croisèrent. Pour la première fois, quelqu’un l’appelait « papa ». Ce quelqu’un c’était moi et j’étais fière d’être sa fille. Le grand fracas produit par sa chute interrompit cet instant magique. Tout se déroula en une fraction de secondes. Papa dégringola du toit et s'écrasa lourdement. Rien ne vint amortir sa chute. Et juste avant que Phamela ne se mette à hurler j'entendis les os de mon père se briser. Je serrai les dents et me mordis la langue. Un filet de sang coulait entre mes lèvres et Phamela perdait ses moyens. Quant à papa il était avachi et immobile sur le sol.



Plus tard une ambulance arriva sur place. Les gyrophares bleu me mirent mal à l'aise. Nous nous y engouffrèrent. Et puis le médecin ne laissa guère planer le doute et tua le faux suspens dans l'oeuf. Papa allait vivre, mais sa colonne vertébrale s’était brisée. Plus jamais il ne pourrait marcher. Dieu était paraplégique.





... to be continued

la suite sera en ligne mercredi 4 juillet

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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