lundi 2 juillet 2007

Partie 2 - Chapitre 5 - Ripostes

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Les animaux sont des humains comme les autres. Ils aiment, ils souffrent, ils réfléchissent. Et tout cela il le font en société. Alors quand un obstacle se dresse dans leur quotidien bien huilé ils ne se jettent pas à l'abordage, contrairement à l'idée reçue, mais ils se réunissent et cherchent ensemble une solution à ce problème. Prenons un exemple....La santé, ah oui c'est un bon exemple. En voilà un drôle de problème pour ces animaux. Ils ont beau être de solides gaillards, il leur arrive à eux aussi d'avoir un pépin de santé. Car à se chamailler et à se courser toute la journée comme ils en ont l'habitude, faut pas s'étonner quand un accident arrive. Si on ajoute le fait qu'il dorment la majorité des nuits dehors dans le vent et le froid on comprendra aisément qu'un état grippal est fréquent. Alors oui entre les hospitalisations, les soins de véto et la pharmacie, les animaux verraient plutôt d'un bon oeil la mise en place d'un système de remboursement des frais de santé. Et là je parle même pas des problèmes psychologiques qui vont croissants. Vous pensez pas que vous nourririez quelques troubles du bocal si vous portiez une laisse toute la journée et que l'on vous applaudissait lorsque une paire de charentaises à la gueule vous ramèneriez votre petite tronche? Alors oui ils seraient pas contre la création d'une sécurité sociale animale. Tout au moins leur permettre de bénéficier de la sécurité sociale existante chez les hommes ou leur accorder la gratuité des soins. Une sorte de solidarité inter-espèce... Car faut bien avoir à l'esprit, et l'ironie est cruelle, que la plupart des avancées médicales se font sur le dos de ces chers animaux. Combien de souris, singes, lapins sacrifiés sur l'autel de la science et ceci sans aucun retour. Pas un merci, encore moins une visite gratuite chez le véto. Dur à accepter pour une souris dont les frères et soeurs n'ont pas eu d'autre choix que de subir sans rechigner les pernicieux effets secondaires liés à l'élaboration d'un médicament. Alors si l'homme ne veux pas assister impuissant à une grève générale des cobayes de laboratoires - et il ne le veut pas - va p'têt falloir qu'il mesure l'ampleur du problème et qu'il y apporte une réponse efficace.



Car pour résoudre leurs maux de têtes les animaux étaient prêts à mettre la main à la poche. Et si l'on fait abstraction du bipède australien qui saute pour se déplacer la plupart en est dépourvue. D'ailleurs le problème n'est pas tant lié à la présence ou non d'une poche mais dans la capacité à la remplir d'oseille pour financer les soins. Et là malheureusement il n'existe pas d'animal fortuné. L'animal n'est qu'un homme sans le sou qu'on se le dise. Que ce soit le dauphin star de cinéma, le lion qui taffe chez Zavatta toute la semaine week-end inclus ou la minuscule fourmi ouvrière, tous vivent en dessous du seuil de pauvreté. Esclaves de leurs employeurs ils ne font l'objet d'aucune rémunération. Alors quand éclate une douleur au crâne, l'animal désabusé se sait condamné à subir impuissant cet incessant martèlement. Il met de côté ses rêves de paracétamol, accepte tant bien que mal l'idée que cette torture n'aura pas d'épilogue chimique et affirme à son voisin de terrier, de nid, ou de que sais-je d'autre encore que l'industrie pharmaceutique est une pute qui refuserait bonne grâce à celui qui l'a dépucelé.



Oui dans le monde merveilleux des animaux, les choses fonctionnaient ainsi. Chacun souffrait en silence, chacun souffrait l'un après l'autre. Mais quand le mal se généralisa les choses changèrent. Quand l'enfant-tête pointa le bout de son nez à la surface du globe et commença à hurler, la souffrance individuelle devint une souffrance collective. L’irruption soudaine de cet enfant associée à ses interminables jérémiades rendait l'humeur de la population animale des plus irritable. La tortue sprintait et la limace mordait. Il convenait de trouver rapidement une solution à ce problème et inconcevable était celle de quitter le champ. S’avouer vaincu ne se pouvait concevoir dans l’esprit guerrier de l’animal. La solution était ailleurs. Il fallait lui faire la peau. Réduire cet intrus à l’état de morceau de bidoche. Et c’est d’ailleurs ce qui fut décidé dans le sommet exceptionnel qui vit se réunir pendant deux jours et autant de nuits une pleine assemblée d’espèces venue des quatre coins du champ. Concertation et écoute étaient les maîtres mots. De mémoire d’animal jamais une telle réunion ne s’était déroulée. Ici pas de leader et pourtant tout fonctionnait admirablement. Les ambitions personnelles si elles existaient n’entachèrent pas l’objectif premier à savoir l’éradication du monstre venu du creux de la terre. Les grands et puissants montraient de l’attention aux propos des minuscules et microscopiques. Pourtant ce ne fut pas simple au début. À cran et exténués beaucoup profitèrent de ce rassemblement pour déverser toute ce qui pesait sur leurs cœurs. Les accusations injustifiées tout comme les reproches allaient bon train. Un perroquet au parcours scolaire impressionnant fut chargé de traduire les propos des nombreux participants. Beuglement, chuintement, pisotement, caracoulement, stridulement, blatèrement, chicotement, piaillement, cacabement, rugissement, bourdonnement, miaulement, glapissement se superposaient, s’entremêlaient sans laisser transparaître la moindre once de solution. Au matin du deuxième jour les choses en étaient là… et puis les choses changèrent. Tandis que l’entière communauté rechargeait ses poumons, laissant la tribune vacante, une fauvette mélanocéphale qui survolait les lieu, profita de ce battement et zinzinula dans un cri que tous comprirent :


  • Nom de Dieu de Nom de Dieu. Va falloir se calmer maintenant. Nous nous sommes rejoints dans un but bien précis et nous passons notre temps à nous insulter les uns les autres. L’occasion qui nous est offerte est unique. Depuis l’aube des temps nous nous chassons et les plus forts dévorent les plus faibles. C’est ainsi et cela restera. Cependant pour la première fois nous avons l’occasion d’unir nos forces dans une lutte commune. Alors ne nous égarons pas. Oublions nos haines et laissons de côté notre appétit. Nous sommes des guerriers, soyez en certains. Notre proie est proche et elle faible. Alors, que des volontaires se mettent en marche pour détruire celui qui à lui seul hurle plus fort que nous tous réunit.


Après ce coup d’éclat la fauvette mélanocéphale se retira. Et le bordel avec. Tout était clair dorénavant, ce jour serait celui du recrutement des guérilleros. Ils n’étaient pas si nombreux d’ailleurs. En effet le cri de l'enfant était déjà si difficile à supporter à distance que rares étaient les animaux capables de s'imaginer l'affronter en close combat. La journée touchait à sa fin, l'on désigna trois animaux. Oui il était une fois trois animaux... et tous étaient prêts à se battre pour la quiétude d'une prairie. Le premier était un renard roux en pleine force de l’âge. Sa ruse et sa science du combat nocturne faisait de lui un redoutable soldat. Le second était un grand corbeau. Prédateur des airs à l'imposante envergure il était précédé d'une réputation d'as de l'acrobatie aérienne à basse altitude et ainsi se posait lui aussi en exterminateur. Enfin le troisième animal sélectionné était une taupe noire. Parce que morphologiquement elle en imposait moins son choix fut sujet à de longues discussions. Mais son réseau de galeries souterraines permettant une attaque surprise et ses fortes griffes plaidèrent en sa faveur. Et puis tous savaient que le choix de la taupe importait peu car seul le renard livrerait un combat et rapidement, le doute n'était pas une option, l'enfant-tête rendrait les armes et accepterait sa défaite. La journée s'acheva avec la satisfaction et la certitude que sans tarder les choses allaient redevenir comme avant. Ce soir là les animaux festoyèrent et dansèrent. Cela avait tout d'un appel aux puissances célestes. Il y eut beaucoup d'éclat de rire, l'alcool coula à flot et personne ne mangea personne... Seul, à l'écart du groupe, le renard roux préparait son combat. Sa concentration était totale, on pensait voir un moine shaolin. Et alors qu'il élaborait sa stratégie il appela les abeilles à le rejoindre.


  • je veux qu’en mes oreilles vous fassiez couler le meilleur de votre miel. Ainsi la meilleure arme de l’ennemi n’aura sur moi aucun effet et je pourrai le dévorer.


Sur ces paroles, les abeilles s’exécutèrent. Et lorsque la lune prit sa place dans le ciel ce soir-là un hommage intense fut rendu au renard roux qui partait au combat. Sa bravoure bouleversa ceux qui étaient présents. Et c’est sans se poser de question que le valeureux animal se dirigea vers sa proie. « Voilà un combat digne de ma grandeur, j'ai toujours su que mon destin était autre que de chasser dans les basses-cours. À moi la gloire » se disait–il secrètement peut-être. La rage au ventre, la bave au museau il avançait crânement. Mais s’il avait perdu l’ouïe, ses autres sens ne s’étaient malheureusement pas renforcés. Et notamment sa vue. Car si cela avait été le cas il eut remarqué en arrivant face à l’enfant de la terre combien ce dernier s’était développé depuis son émergence. Son visage s’était affirmé rejetant les traits du bébé au profit de ceux du jeune garçon. Et sa bouche ouverte en permanence laissait entrevoir les dents qui dorénavant chaussaient ses gencives. Oh, cet enfant restait innocent mais en lui un instinct le poussait à s’extraire de ce sol car il se savait autre que fleur, arbre ou herbe. Et parce qu'il n'y arrivait pas et il continuait à chialer car c’était là la seule chose qu’il réussissait. Mais le mouvement était en marche. Bientôt il allait apprendre à mordre. Très bientôt. À tort le renard roux ne prit pas le temps de jauger son adversaire et bondit dessus bien décider à en finir. La première attaque qui frappa le petit lui fit découvrir la souffrance. La violence des coups de griffes qui déchirèrent sa peau encore juvénile le tétanisa. Son sang commença à le fuir pour inonder le sol. De plus en plus faible sa tête devint comme un balancier. Impossible de la maintenir droite. La seconde attaque lui fit découvrir la haine. Et tandis que cet inconnu aux poils orange se déchaînait sur lui, l’enfant s’évertuait à protéger ses yeux. Mais déjà il sentait la vie le quitter. Le monde qu'il venait de découvrir se refermait sur lui et tout devenait brouillon à sa vue. Pourtant dans cette agonie l'enfant eut une sensation étrange. Une sensation plaisante presque réconfortante au contact du pelage chaud et imbibé de sang du renard. Un instant le renard se retira de sa proie pour reprendre son souffle. Il n’était pas venu pour le blesser mais bien pour tuer. Pendant ce court répit, l’enfant tête basse se laissa vomir tout entier. Prêt à en terminer il releva la tête et fit face. La gueule ouverte le renard s’apprêtait à porter le coup fatal. En découvrant ainsi ses crocs acérés, le renard dévoila par trop sa stratégie. L’enfant, bien qu’il n’en avait pas d’aussi pointues, pigea la fonction première de la dent. Et quand celui qui se voulait le sauveur du monde animal plongea bave à la gueule pour finir sa victime, c’est l’enfant avec l’énergie du désespoir qui mordit le premier. Sa mâchoire se referma sur le garrot du renard avec force. Ce dernier tenta de s’extraire de cette bouche qui n’en imposait pas mais la prise était trop forte. Dans un glapissement éteint le renard roux quitta le monde des vivants. Un ultime soubresaut nerveux ne changea rien. L’enfant conserva longuement la bête en lui. Il goûtait au merveilleux plaisir du sang qui venait le nourrir et le renforcer. La flopée juteuse se faisait plus intense lorsque la pression de ses mâchoires s’accentuait. Le jet qui s’échappait de la blessure ouverte à la gorge du renard roux venait tapisser onctueusement le palais, les joues, la langue de l’enfant. Et ses papilles gustatives qui n’avaient jusqu’alors été nourrit qu’aux larmes expérimentaient avec candeur ce velours rouge. S’il n’en avait pas été rassasié il aurait vidé cet animal de tout son sang. Et c’est animé d’une force nouvelle renversante qu’il laissa retomber le corps inerte du fauve. L’enfant leva alors la tête vers le ciel et poussa le cri le plus puissant que l’univers ait entendu. Il n’était plus question de pleurs, c’était la force qui s’exprimait et pour la première fois l’enfant se sentit chanceler. De cette haine qui lui brûlait les veines. Cette intensité qui envahissait l’innocent qui n’en était déjà plus un était sa force vitale. Son rugissement grimpa avec fureur aux cieux. Il percuta les nuages qui se trouvaient sur sa voie, tournoya tel l’ouragan puis replongea avec virulence vers la terre qu’il heurta de plein fouet. L a prairie n'y résista pas. Alors, comme apeurées par cette puissance qui prenait conscience d’elle-même les couches supérieures de la croûte terrestre se mirent à trembler sur un rythme saccadé. Les secousses se propagèrent au travers du champ sur lequel reposait la charmante tête de l’enfant griffée et couverte de sang.



Plus loin, attendaient les autres animaux. Depuis le départ du renard ils avaient vécu avec angoisse l’attente de son retour. Tout d’abord persuadés d’une victoire aisée, ils avaient ensuite laissé s’immiscer le doute au fond d’eux-mêmes. Le hurlement effroyable qui atomisa leurs oreilles suivi du tremblement du sol les plongèrent dans la consternation. Ils ne savaient comment interpréter ces signes. Ils ne reconnaissaient pas là le cri du renard, alors ils espéraient le champ du cygne de l’ennemi. mais, et bien qu’ils ne l’osaient se l’avouer, tous craignaient l’impensable, la défaite du renard roux. Les heures se succédèrent et bientôt ils se rendirent à l’évidence. Le soldat ne rentrerait pas au QG. Le temps manquait pour l’organisation de funérailles. L’ennemi étant toujours debout, il fallait agir et agir vite. On était loin de l’euphorie qui avait régné lors du départ du renard quand les animaux se tournèrent vers le grand corbeau. Celui-ci s’était préparé depuis sa nomination. Bien qu’il avait toujours eu confiance et foi en son ami renard il s’était cependant entraîné durement afin de se montrer digne de l’honneur que lui faisait le monde animal. Le grand corbeau voyait là une possibilité de chasser cette réputation d’oiseau de mauvaise augure qu’il traînait depuis des temps ancestraux. Lorsqu’il entendit la résonance du hurlement au travers des cieux, il sut que son heure était enfin venue. Bien qu’attristé par la mort qu’il savait certaine du renard, le grand corbeau n’éprouva pas de peine. Son combat avait maintenant une raison supplémentaire d’être. Cette raison se nommait vengeance. N’écoutant pas les préconisations du corps animal il déploya ses ailes de suie couvertes et prit son envol. La puissance dégagée par le corvidé redonna à ceux restés à terre un nouvel espoir. La victoire semblait possible. L’enfant, s’il avait battu le renard avait sûrement laissé des plumes dans la bagarre. Un combattant usé attendait maintenant le grand corbeau. L’oiseau ne voulait pas commettre les imprudences du précédent guerrier. Il entendait observer son ennemi avant de l’attaquer. Les ailes légèrement abaissées, il planait. Son vol était lent rythmé de temps à autre par quelques amples coups d’ailes. En bas, l’enfant-tête regarda arriver l’oiseau noir. Depuis l’extase sanguine qu’il avait connue, il se sentait en pleine forme. Les plaies de son visage cicatrisaient à grande vitesse et un tumulte positif s’était installé dans son esprit. Son corps, quant à lui, continuait à s’extirper du sol. Ses épaules étaient maintenant visibles. Bien qu’enterré en majeure partie il savait qu’un monde immense s’offrait à lui. Il comprit aussi qu’il ne le pourrait explorer qu’en tuant celui qui dessinait depuis peu des cercles au dessus de sa tête. En effet, fidèle à sa tactique, le grand corbeau s’était placé à faible altitude au dessus de l’enfant. Pour l’instant il se contentait d’apprécier les forces et faiblesses de son adversaire. La vigueur affichée par l’enfant n’était d’ailleurs pas sans le surprendre. À l’évidence cet enfant récupérait aisément de ses blessures. Mais ce qui choqua le grand corbeau était la charogne qui était aux côtés du gosse. Habitué à se nourrir de corps en putréfaction il n’en demeurait pas moins sensible à l’extrême sauvagerie qui s'était abattue sur le renard roux. En de multiples endroits le renard avait été dévoré. Des restes organiques s’échappaient du corps éventré et s’échouaient sur l’herbe de moins en moins verte. Alors l'oiseau continua à voler en cercles. Ce vol était sa première attaque. Il s'agissait de déstabiliser l'enfant. Car en effet l’enfant se laissa bercer par la simplicité du vol du grand corbeau. Il était fasciné. Le déferlement de violence était maintenant oublié et cette majestuosité du cercle l’attendrissait. Pire, elle l’hypnotisait. Retranscrivant avec son cou les ronds dessinés par l’oiseau, l’enfant en qui demeurait une part d’innocence, se laissa gagner par la léthargie. Doucement il se mit à considérer l’oiseau non plus comme un prédateur en chasse mais comme un proche. Mal lui en prit. Car, analysant scrupuleusement les faits et gestes de l’enfant, le grand corbeau s’aperçut de ce changement d'attitude et…aussitôt cassa son cercle et fondit sur la tête. Elle était la cible et lui la flèche. Son bec solide comme le roc frappa avec frénésie le cuir du crâne. Un coup, deux coups, trois coups. Le grand corbeau trouva immédiatement la cadence et il s’en donna à cœur joie. Il allait matraquer cet abject plant jusqu'à ce que mort s’en suive et alors il deviendrait le héros de tout un peuple. Chaque coup de bec faisait gicler le sang de l’enfant. Aussi l’état de somnolence aigu de la jeune pousse ne pouvait perdurer et face à la démesure qui s’abattait sur elle une réaction s'imposait. Chacune des attaques du grand corbeau était exécutée avec une justesse chronométrique affolante. Avec sa seule tête l’enfant ne pouvait contrer les coups. Alors, allant chercher au plus profond de lui même, dans des endroits dont il ne soupçonnait même pas l'existence, il puisa l’arme de la victoire. À nouveau le sol se craquela. Et tandis que le grand corbeau prenait de l’altitude pour venir porter le coup destructeur, du sol, surgirent deux bras armés de mains. Affaibli, l’enfant trouva la force d’accélérer sa croissance. Surviving the game. Un corps entier se dessinait là dessous mais à ce moment précis c’est des mains dont l’enfant avait besoin. Et quand le corvidé se jeta victoire en tête sur l’enfant, celui-ci l'attrapa de ses nouvelles mains. De la même manière qu’il avait serré les mâchoires sur le renard, il ferma le poing brusquement. Fier de sa nouvelle arme, il ne porta guère attention au « qwa qwa » fébrile qui résonna alors. En revanche, il écouta craqué les os du cou de l’animal et il y prit plaisir. Nouvelle sensation. Il venait de vaincre le grand corbeau et comme pour accomplir un nouveau rituel il porta l’animal encore chaud à sa bouche et dans l’instant qui suivit but son sang. À nouveau le plaisir fut immense. Le goût était des plus doux mais ses effets des plus névrotiques. Il lui en fallait encore et encore. Même le grand corbeau demeurait trop petit pour suffire aux besoins du nouveau-né. L’enfant avala le contenu de l’oiseau et le corvidé devint le corps vidé...


Le croassement final du combattant avait peut-être échappé à l’enfant en transe mais pas aux animaux réfugiés fond de la prairie. Ce cri eut l’effet d’un coup de tonnerre. À l’évidence il fallait se rendre, l’enfant était ou très fort ou allié du Mal. Les deux guerriers avaient été décimés et leurs cris laissaient présager la plus horrible des morts. Un nouveau congrès eut lieu. La taupe noire qui était le troisième guerrier attendait son heure avec impatience. Les choses avaient évolué depuis le départ du renard roux. Oui depuis ce moment l'enfant ne pleurait plus. Alors fallait-il poursuivre la lutte? Et pourquoi pas cohabiter avec l'enfant? Oui la population animale aurait pu vivre dans cette facilité mais il n’en était pas question. Elle avait perdue deux hommes et entendait bien se venger. La taupe noire s’avança. Et lorsqu’elle pénétra la galerie souterraine elle se savait porteuse d’une mission qui allait, à l’échelle du champ, déterminer le sort de l’humanité animale.





... to be continued

la suite sera en ligne mercredi 11 juillet ou plus tard.

ben oui c'est les vacances!


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