mardi 11 septembre 2007

Partie 2 - Chapitre 15 - Le bus flotte

.
.
.




Déjà une semaine qui s'est écoulée depuis mon admission à l'hôpital. J'y suis bien, je n'ai plus peur de ce lieu lugubre, même les longs couloirs froids ne me donnent plus la chair de poule. C'est dire... encore quelques semaines et l'impression d'avoir rejoint un club de vacances m'aura probablement gagné. Faut dire qu'ici je n’ai pas trop à me plaindre. Que ce soit les infirmières, les aides-soignantes, les brancardiers ou encore les médecins, ils sont tous à mes petits soins. J’ai une chambre individuelle dans laquelle on me gave de pilules tantôt bleues tantôt rouges et de programmes télévisés tantôt stupides tantôt idiots. Chaque jour en début d’après-midi un psy vient me voir. Il s'assoit en face de moi et écoute ce que je lui délivre. Quand je ne dis rien, il pivote sur son tabouret et avec moi, regarde la télé. Je vois bien qu'il est contrarié mais je fais pas exprès moi. C'est pas de ma faute après tout. J'essaie mais je n'y arrive pas. J’ai tellement de mal à parler de ce que j’ai vue ce jour là après être descendue de la chambre. Tout ce tragique est encore trop récent. Cette maison... La maison de l’horreur. À leur arrivée sur les lieux du crime les secours me ramassèrent. Je redevins alors cette petite fille abandonnée de tous. Sans logis, sans famille, c'était écrit, "à l'hôpital tu finis". Il ne reste que Phame. Je suppose qu'elle n’est pas loin d’ici. Peut-être dans le même hôpital, peut-être bien dans la chambre voisine va savoir. Sauf si quelqu'un à préféré la placer dans une cellule d’isolement capitonné d’un établissement spécialisé. Car ce jour-là il fallait la calmer... Phame décabla complètement après s'être précipitée au rez-de-chaussée. Elle m'avait entendu hurler de terreur. Alors elle m'emboîta le pas et me rejoignit dans la salle où Dieu le père était demeuré avec mes quatre compagnons. Et bien sûr Phamela m’estima, moi jeune réincarnation de sa sorcière de Sienne, responsable de toute la scène de sang qui s’exposait sous nos yeux stupéfaits. Elle ne remarqua même pas le pauvre Fimevissipi. Lui il était là, immobile, vivant mais éteint, unique survivant d’un salon transformé en champ de bataille. Et s’il n’avait été en position verticale je crois que je l’eus considéré comme mort. Comment aurais-je pu commettre l’irréparable alors que je n’avais été hors de vue de Phamela que quelques secondes ? Elle ne s’embarrassa pas de mes relevés chronométriques et chargea. Elle commença à me poursuivre. Je tentai de m’échapper mais glissai dans la mare rouge qui à présent habillait le parquet. Sans possibilité d’interrompre ma chute je me gaufrai. Mon crâne s’en alla heurter le sol. Il y eut un bruit sourd, une résonance enveloppée. Ma vision se troubla et Phame profita alors de mon état de faiblesse. Elle s’assit sur moi et serra mon cou de ses mains vengeresses. Malgré l’ambiance de boucherie qui régnait ici bas je n’avais pas envie de la laisser m'étriper. Pour autant je peinais à me soustraire de son emprise. Fimevissipi est un être de valeur et il le prouva à ce moment. Reléguant sa torpeur aux confins de son univers il s'approcha de Phame et lui botta le cul. Elle desserra sa prise et je pus ainsi me dérober. Tout alla très vite. Affolée je gagnai la cuisine et je m’y enfermai. Il y avait un téléphone, j’appelai les secours. Et voilà comment je me retrouvai ici dans cet chambre d’hôpital, à l’abri du mal.


Aujourd’hui, bien que de nombreuses heures se soient écoulées depuis ce jour de sang je ne comprends toujours pas ce qui s’est produit. Je suis triste et un peu déçue aussi. Je nous voulais un avenir radieux et je comprends à présent qu'il ne viendra jamais. Alors si c'est pour vivre sans joie pourquoi ne pas mourir? La vie me semble si longue... Et c'est seule l'idée que chaque minute qui s'écoule me rapproche un peu plus du crépuscule de ma vie qui me rassure. Demain commence le procès de Fimevissipi. Il sera jugé pour le double homicide de papa et de M. Mac Humclyneure. Aucune charge n’est retenue contre lui pour le massacre de Renifl’Or et de Nouille la grenouille. Une chaîne de télévision a acheté les droits exclusifs du procès. Pour profiter de l’émotion qui entoure ce « malheur qui frappe une enfant » comme ils disent dans la bande annonce la chaîne a soudoyé le tribunal afin que le procès se déroule le plus tôt possible et à une heure de grande audience. Un présentateur en vogue assurera l'animation. Les gens l'aiment bien ils disent de lui qu'il a un beau sourire. D'ailleurs l'une des infirmières me l'a dit sur le ton de la confidence: ce gars-là il a été repéré sur le tournage d'une publicité pour Tonigencyl une pâte dentifrice qui prévient de la formation des caries dentaires. C'est bien, c'est une belle carrière, sa maman doit être contente. Elle sera sûrement rivée devant sa télé pour suivre les interventions de son journaliste de fils comme elle dit. Et elle sera pas la seule. Faut dire que le fiston il a une belle émission. Elle est participative et elle donne le pouvoir au peuple comme ils disent dans la pub. Oui c'est une innovation, les téléspectateurs seront les jurés. A eux le pouvoir de juger l'espèce de Frankenstein qui sera enfermé dans une cage en verre incassable tout le long du procès. Seule une maquilleuse professionnelle pourra l'approcher tous les matins afin de le rendre un peu plus photogénique. Le procès sera interrompu sept minutes toutes les heures afin de permettre à la chaîne de télévision de diffuser quelques spots pour de la lessive et des sodas. Un numéro de téléphone surtaxé mais citoyen est en place afin de recueillir les votes du public. Coupable ou innocent. Si la majorité du public envoie le sms « A mort », Fimevissipi sera exécuté.





... to be continued

la suite sera en ligne mercredi 19 septembre

Aucun commentaire: