mercredi 3 octobre 2007

Partie 2 - Notinutile

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Traduction du chapitre 16:
la parole est à l’accusé (intégrale de la déposition de l’accusé devant la cour)



Je ne les ai pas tué. Cela devrait être ma seule réponse mais puisque vous m’en donnez le temps je m’en vais vous détailler ce qui s’est véritablement passé le soir du massacre. Je suis une plante... Votre monde était beau et vous l’avez transformé en un gigantesque dépotoir dans lequel vous êtes les ordures. Si je me permets ce jugement c’est que je ne suis pas un homme et que jamais je n’en deviendrai un. Vous êtes le résidu de la création, le vomi originel. Un peuple qui vit par et pour la destruction. Le primate de l’extermination. Et aujourd’hui c’est moi la cible. Je suis enchanté d’être ici debout devant vous. Votre écoute attentive me touche sincèrement. Il faut punir alors châtié moi. Face à de telles atrocités, levez les yeux regardez moi et montrez vous inflexible. La condamnation, ma peine, doit satisfaire votre appétit de vengeance. Car moi elle ne me touchera pas. Vous pouvez m’emprisonner dans le plus sordide de vos cachot ou bien m’abattre froidement d’une balle dans la tête cela n’y fera rien. Votre justice ne saurait m’atteindre. Non que je sois invincible mais elle est une justice d’homme édictée par des hommes pour condamner d’autres hommes. Je ne suis pas un homme elle ne peut donc rien contre moi. Vous m’avez conduit ici pour répondre d’un double meurtre. C’est dire la médiocrité de votre espèce. Car des cadavres il y en avait quatre. Et si vous les avez dénombré, chose que j’ignore, alors vous n’avez pas jugé bon de leur faire justice. Moi je les ai vu. Oui il y avait bien deux hommes mais étendus à leur côtés reposaient Renifl’Or, vieux chien policier et Nouille la grenouille. Et ils étaient morts archi-morts. Je sais vous allez me dire que votre justice est imparfaite que punir les crimes humains est déjà une lourde tâche et que vous ne pouvez vous occuper des espèces inférieures. Le chien est votre meilleur ami jusqu’à ce qu’il crève. Et puis c’est vrai, vous avez raison, s’il vous fallait condamner à chaque fois qu’un animal décède alors vos abattoirs seraient de véritable camps de la mort et les directeurs de ces usines des tortionnaires coupables des pires crimes contre l’animalité. Non ce qu’il faudrait c’est un soulèvement des « espèces inférieures ». Vous seriez jugé devant un parterre d’animaux et rapidement la planète serait débarrassée de votre présence encombrante. Mais je m’éloigne du sujet excusez moi. Il y avait donc quatre morts dans la maison de mon amie Carol-Anne. Le but de notre visite était de rencontrer son père. Moi je ne devais lui restituer son fauteuil que j’avais précédemment emprunté tandis que nos trois compagnons d’infortune M. Mac Humclyneure, Renifl’Or et Nouille la grenouille entendaient lui soutirer des explications sur le sort que la vie leur avait réservé. Ces trois là je ne les ai pas tués, pas plus que le Dieu le père d’ailleurs. Mais eux ne méritaient pas la vie. Leur mort est un bienfait et si personne ne s’en était chargé alors la tâche m’aurait probablement incombée. Des pleutres, voilà ce qu’ils étaient réellement. Lorsque Carol-Anne leur annonça que son père allait solutionner la misère de leurs vies, tous les trois exprimèrent une vive satisfaction. Ils espéraient qu’un miracle les attende dans le salon d’un vieux monsieur impotent. Quelle bande d’idiots ! Mac Humclyneure par exemple, son sentimentalisme exacerbé envers les objets les plus usuels frisait la débilité profonde. Il avait si peur de froisser ou son sac de voyage ou son aspirateur qu’il en venait à vivre pour eux. Putain mais.... Mais cela il ne le comprenait pas. Et il pensait que Dieu allait le sauver. Pauvre de lui il était possédé par ses propres biens. Sa mort, il devait l’attendre depuis longtemps. Renifl’Or fut le second à se joindre à notre troupe. Il s’apitoyait sans arrêt sur son sort. Son nez était au cœur de son discours. Ancien chien renifleur de la police il avait été démit de ses fonctions en raison d’un penchant trop prononcé pour la came. Il disparut, abandonnant femme et enfants pour se réfugier dans son paradis artificiel. Plutôt que d’assumer sa dépendance et de relever la tête, Renifl’Or fit le choix honteux de la facilité. Sa famille lui manquait terriblement mais il n’osait se l’avouer. De quel secours pouvait lui être le père de mon amie ? Celui qui n’est pas à même de se prendre en main est seul fautif. Sa mort était latente. Enfin il y avait Nouille la grenouille qui elle n’aurait jamais du naître. Toute sa vie à rejeter sa propre nature. Elle combattait ce qu’elle était. Une lutte perdue d’avance. Si l’idée du suicide avait pu lui traverser l’esprit dès son plus jeune âge cela eut solutionné radicalement ses problèmes. Qu’espérait-elle ? se transformer en beau jeune prince ? C’est bête, Nouille, mais nous ne sommes pas dans un conte pour enfants. Les grenouilles restent grenouilles. Ta mort fut ta récompense. Aucun de ces trois êtres n’avait de plaintes valables pourtant tous les trois passaient leur temps à pleurnicher. Lorsque Carol-Anne gagna l’étage notre discussion dans le salon s’envenima aussitôt. C’est le vieux qui mit le feu aux poudres. Il venait de promettre à la petite de nous écouter et là il nous virait comme des malpropres. Il nous figea du regard moi et Mac Humclyneure et entonna un sermon « Écoutez les gars je sais pas ce que vous avez fait à ma fille et j’aime mieux pas le savoir. Car si j’apprends que vous lui avez fait du mal alors je vous sors les tripes à la petite cuiller et les donne à bouffer à votre clébard. Maintenant dégagez de ma maison au pas de course.» La dessus c’est Mac Humclyneure qui monta d’un cran. « Alors toi tu vas d’abord nous écouter. On viens de marcher toute la journée pour te parler alors crois pas que tu vas te défiler sans nous avoir entendu. » Je ne me souviens plus des paroles exactes employées mais en résumé Mac Humclyneure récita le dialogue qu’il avait préparé tout au long de la journée. Ça ressemblait à cela « Merde alors, t’étais vraiment obligé de boucler la Création en sept jours. C’est n’importe quoi. Regarde le bordel que c’est maintenant, faut t’appliquer quand tu entreprends quelque chose de cet ampleur Mon Dieu. T’es pas là pour compter tes heures. T’es Dieu ou t’es pas Dieu à la fin. Parce que maintenant c’est nous qui récoltons les merdes que t’as laissé traîner. Et chaque jour nous apporte son lot de galères supplémentaires. C’est clair tu l’as vite torché ton monde mais pour le service après vente t’es royalement à la masse un bon dernier de la classe ! ». Ne comprenant rien de ce qui se déroulait chez lui, le père de Carol-Anne approcha de Mac Humclyneure et voulut lui foutre une trempe. Soit il surestimait ses forces soit il espérait que Mac Humclyneure n’oserait pas s’en prendre à un handicapé. Mais Mac Humclyneure n’en avait rien à cirer de taper un infirme. Alors il se bagarrèrent jusqu’à ce que la mort les emporte tous les deux. Le vieux se retrouva balancé de son fauteuil et s’en alla rouler par terre. Ils n’étaient pas de grands combattants mais tous deux étaient vicieux et les coups bas étaient légions. Les dents mordirent les chairs et les sangs se mélangèrent. Et... cela éveilla l’instinct meurtrier des rongeurs qui peuplaient le sous-sol. Alors que les deux hommes jetaient leurs ultimes forces dans l’âpre combat les rats pénétrèrent le salon. Combien étaient-ils ? Impossible à chiffrer précisément tant l’invasion était grande. Des centaines de rats infiltrèrent la maison. Je grimpai sur le fauteuil abandonné pour me protéger. Et si je trouvai endroit où me réfugier ce ne fut pas le cas de Renifl’Or, qui ne les avait pas sentis venir, et de Nouille la grenouille. Les rats grimpèrent sur les corps incapables de se défendre et y dévorèrent la viande. Nouille la grenouille déjà affaiblie par la perte de ses cuisses ne résista pas longtemps et mourut dans l’horreur. En revanche l’agonie de Renifl’Or fut longue et atroce. Ses pleurs, je les entends encore. Ses yeux qui imploraient mon aide tandis que je restais statufié sur mon fauteuil. Quand Carol-Anne surgit dans la pièce les rats s’affolèrent et sans finir leurs repas s’enfuir. C’était pas joli pour les yeux de la petite. Du sang partout, des corps mutilés. Elle même échappa de peu aux foudres de la méchante femme. Mais la suite je suppose que vous la connaissez. Sur ce, faîtes votre boulot mais comme je vous l’ai déjà annoncé vous n’avez pas d’emprise sur moi. Je me nomme Fimevissipi, c’est le nom que m’a donné mon amie Carol-Anne. Et je suis libre.





... pas de suite mercredi prochain

merci à ceux qui se sont usés les yeux depuis février.












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